mercredi 6 juin 2012

Soirée culturo-politique à Hénin-Beaumont



Vous trouverez, ci-dessous, le compte-rendu de la soirée organisée, hier soir, mardi, en soutien à Jean-Luc Mélenchon (et Hervé Poly).
J'ajouterai à ce bon article:
- excellentes prestations, avant Guy Bedos, de Dominique Grange (chanteuse soixante-huitarde très engagée), Baz'art à nanas (trio de chanteuses), Fron et Ziel (slameurs de grand talent)
- Guy Bedos n'a "ni dieu, ni maître" et tout le monde en a pris pour son grade, même JL Mélenchon que pourtant Bedos déclare aimer (qui aime bien, châtie bien...). Merci Guy!
- Surprise (!): la présence de JP Corbisez, PS, qui manifestement n'a toujours pas digéré d'avoir été éliminé de la primaire socialiste. Présent au meeting de soutien à Kemel (Martine Aubry était là...), puis à la rencontre, hier matin, entre Mélenchon et le MRC, et enfin à la soirée d'hier. On en conclue donc qu'il soutient Mélenchon, et que, pour jouer au bon soldat, il fait semblant de jouer le jeu avec le candidat PS! Ce dernier ne devrait pas goûter très longtemps la plaisanterie (duplicité?)

Libération
Par LILIAN ALEMAGNA Envoyé spécial dans le Pas-de-Calais
«Si les socialistes déconnent, il faut dire qu’ils ont déconné!» En duplex face caméra pour France 3 à l’entrée de la salle des fêtes d’Hénin-Beaumont, Guy Bedos commence à s’agacer de devoir se justifier d'être venu soutenir ce mardi soir Jean-Luc Mélenchon, candidat dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais face à Marine Le Pen. Va-t-il prendre sa carte au Parti de gauche (PG) de l’ex-candidat à la présidentielle?«Je suis à la Ligue des droits de l’Homme. C’est la seule carte que j’ai», répond l’humoriste, habitué à s'engager contre le FN. «Je connais Jean-Luc Mélenchon, poursuit-il. J’ai un certain goût pour ce qu’il fait. De l’admiration aussi pour l’artiste», termine Bedos.
Mélenchon «l’artiste» débarque lui quelques minutes plus tard. Dans la salle encore vide, il contemple la scène rouge sur laquelle trône une pancarte avec la silhouette dessinée de la résistante communiste Emilienne Mopty dont la fille et la petite-fille ont été conviées au 1er rang. «Mais j’ai jamais fait ça moi!» dit le député européen dans un large sourire. Peut-être a-t-il déjà oublié qu’il a fait le Bataclan à Paris pendant la présidentielle...

«Ca y est? T’es chef du gouvernement?»

Dans l’après-midi, il a finalement été reçu à l’Elysée par François Hollande. Et il a aimé. De quoi ont-ils parlé? «De tout. On est resté une plombe!» Une heure, dit-il. «Alors ça y est? T’es chef du gouvernement?» lui lance en l’embrassant Laurence Sauvage, sa camarade du PG, elle aussi candidate aux législatives dans le Pas-de-Calais. Mélenchon sourit de nouveau.
A la fin de la soirée, il en dira plus devant son public: «Je lui ai dit que j'étais content de voir un homme de gauche dans ce bureau. Il m'a répondu: "tu y es pour quelque chose".» Hollande «président» n'est plus le Hollande candidat attaqué par Mélenchon pendant la campagne:«Je ne confonds pas le président de la République, homme de gauche, et le chef de parti que j'ai connu», dira-t-il. Et l'ex-sénateur PS d'expliquer aux siens: «Sur le plan de la tactique, je vous appelle à tourner la page. A distinguer le président de la République du Parti socialiste.» Et si la France est «attaquée» par la finance et qu'Hollande décide de «passer à une ligne de résistance, nous serons là». Jusqu'à devenir ministre?

Bazooka

Retour sur scène. A cinq jours du 1er tour de la législative, attaqué au bazooka par Marine Le Pen la veille dans cette même salle, Mélenchon a laissé ce mardi soir l’acteur Yvan Le Bolloc’h, devant 300 à 400 personnes, animer une soirée mêlant discours politiques, stand-up et chansons. Laurence Sauvage demande à l’assistance d'«aseptiser l’air ambiant» en référence au meeting FN de la veille. Avant elle, Le Bolloc'h a bien chauffé la salle, fait taper des pieds les spectateurs, demandé aux «soutien-gorge» de voler, déclanchant les rires de l’assemblée.
«Qu’est-ce que vous attendez du député Mélenchon?» interroge Le Bolloc’h. «La piscine, la Porsche, ça va pas être tout de suite...» Une dame se lance: «Qu’il barre déjà la route à Martine Le Pen» «Martine, Jacqueline, Christelle...» chambre l’acteur. «Non Marine! Excusez-moi...» rougit-elle. Elle se reprend. Veut qu’on s’occupe d'éducation, de la santé «qui part à vau-l’eau». Sans argent pour payer des lunettes, «comment voulez-vous que les enfants apprennent à l'école c’est pas possible!», s’indigne-t-elle. Beaucoup le remercient. Le qualifie même de «sauveur». Pas sûr que le candidat ait entendu les encouragements: après quelques minutes d'écoutes au 1er rang, Mélenchon a filé en coulisses. Comme son suppléant Hervé Poly, resté seulement quelques minutes aux côtés du candidat en début de soirée, le temps des photos.

«C’est pas moi la star ici, c’est lui!»

Entracte. Puis standing ovation pour Bedos qui entame sa traditionnelle«revue de presse»«Je vois Mélenchon au 1er rang, pointe-t-il. Il se dit: "qu'est-ce qu'il va faire celui-ci?"». «C'est pas moi la star ici, c'est lui!» lance Bedos, voix éraillée, sous les applaudissements. Tout le monde y passe: Hollande, Sarkozy, Royal, Fabius, Montebourg... La voisine lilloise Martine Aubry, fâchée d'avoir vu Mélenchon débarquer dans le Pas-de-Calais face au socialiste local Philippe Kemel? «Elle est méchante celle-ci!»
Et Mélenchon? «Il y a une relation quasiment homosexuelle entre-nous... Il me téléphone. Je vois bien ton petit jeu», envoie-t-il avec un clin d'oeil. Mélenchon sourit. Puis plus du tout. Les blagues de Bedos ne lui plaisent pas. Le regard est d'abord ailleurs. Puis, très gêné, il se cache régulièrement le visage avec la main, mal-à-l'aise de voir des enfants au premier rang entendre le vocabulaire fleuri de l'humoriste. Seul le passage final sur la famille Le Pen le détend quelque peu. Peut-être est-il aussi soucieux du résultat d'un sondage a paraître le lendemain dans la Voix du Nord.

«Je veux bien être son impressario»

«Quel talent Mélenchon! Quel talent! Quel show-man!» poursuit Bedos.«Quand il a dit qu'Hollande était un capitaine de pédalo, j'ai dit que lui sautait en parachute d’un avion qui n’a pas encore décollé!»Mélenchon apprécie guère. Bedos le rassure: s'il est là c'est parce qu'il«aime bien Mélenchon» et «déteste Marine Le Pen». Et si, après la politique, le candidat Front de gauche décide d' «abandonne[r] la politique un jour, je veux bien être son impressario» Après ce soir, pas sûr que Mélenchon accepte.
Le candidat finit tout de même sur scène avec quelques remerciements aux artistes venus le soutenir. Il fait ses propres blagues. S'arrête:«Bon, je vais pas faire Bedos...» Le public rit autant. Puis écoute attentivement les histoires «d'origine de Français» de Mélenchon. Justifie sa «bataille culturelle» à Hénin-Beaumont contre l'extrême droite. Sans rires.

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