dimanche 16 décembre 2012

Litiges à régler le plus rapidement possible!

 

Roulements de tambour en mer de Chine

La mer de Chine est la zone de tous les dangers. Dans une Asie en pleine renaissance, tensions, rivalités et menaces se multiplient. Entre les principales puissances régionales, comme entre la Chine et son voisin d'outre-Pacifique, les Etats-Unis.
Ravagée au XXe siècle par les guerres et les famines, cette région a su construire, en peu de temps, une spectaculaire réussite économique. Après l'isolement et les folies maoïstes, l'empire du Milieu a repris sa place parmi les premières puissances de la planète, détrônant le Japon du deuxième rang économique mondial. La Corée du Sud, sortie exsangue d'un conflit avec son voisin du nord entre 1950 et 1953, s'est hissée parmi les quinze premières économies de la planète et exporte, partout, ses voitures, son électronique et son " soft power ". L'Asie du Sud-Est n'est plus l'homme malade du continent.
Mais cette réussite économique ne peut masquer un échec politique. Les principaux pays de la région sont dans l'incapacité de régler leurs litiges territoriaux maritimes, ponctués par des incidents qui se répètent dangereusement.
En mer de Chine orientale, Chine et Japon s'opposent autour des Senkaku/Diaoyu, ces îlots inhabités riches en ressources naturelles. Le 13 décembre, Pékin a accentué la pression et envoyé un avion de surveillance au-dessus de cette zone, qualifiant ce survol de " parfaitement normal ". Tokyo a répliqué avec huit chasseurs F-15. En mer de Chine méridionale, Vietnam et Philippines supportent de moins en moins les prétentions de Pékin dans les archipels des Paracel et des Spratleys, et se tournent vers les Etats-Unis. Quelques jours auparavant, des manifestations antichinoises ont eu lieu à Hanoï et Hô Chi Minh-Ville, après que des bateaux de pêche chinois eurent coupé des câbles d'exploitation d'un navire du groupe public PetroVietnam.
Ces antagonismes provoquent une poussée de nationalisme et une course aux armements. La situation est d'autant plus volatile que les contentieux historiques entre le Japon et ses voisins chinois et coréen n'ont pas été soldés. Les élections législatives anticipées au Japon, le 16 décembre, devraient voir le retour au pouvoir de Shinzo Abe, ancien premier ministre entre 2006 et 2007, connu pour nier l'implication de l'armée impériale dans la prostitution contrainte d'Asiatiques et favorable aux visites de l'empereur au sanctuaire de Yasukuni, où sont honorés les " morts pour la patrie ", dont sept criminels de guerre.
A la tête du Parti libéral-démocrate (centre droit), Shinzo Abe a vivement critiqué la politique menée par l'administration sortante, parlant, le 1er décembre, de " défaite diplomatique " face à la Chine au sujet des Senkaku. Considéré comme un faucon, M. Abe veut enrayer le déclin des dépenses militaires japonaises, modifier la Constitution pacifiste et doter l'Archipel d'une armée " normale ".
Empêtrée dans la crise, l'Europe ne semble guère en position de donner des conseils à l'Asie. Il est pourtant un domaine où l'Union européenne pourrait apporter son savoir-faire : celui d'une construction politique susceptible de surmonter des conflits séculaires. Le prix Nobel de la paix vient de saluer cette capacité à transformer " un continent de guerre en continent de paix ". Qui seront les Jean Monnet, les de Gaulle et les Konrad Adenauer asiatiques ?

© Le Monde Editorial 15/12/12

2 commentaires:

  1. Comme disait coluche :
    "Plus on est de Fu, moins y a de riz".
    Fu étant un nom asiatique, bien entendu.

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  2. honteux le propos de ayrault

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