dimanche 2 décembre 2012

Mélenchon et l'écologie


L’offensive de Mélenchon sur l'écologie


Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de gauche, lors de la manifestation contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), le 17 novembre.


On ne l'arrête plus. Défilé en tête des opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) le 17 novembre, sortie d'un livre sur la dette écologique* samedi 1er décembre, longues interviews à Rue89 et à Libération cette semaine... Jean-Luc Mélenchon multiplie les sorties pour parler d'écologie. Avec en point d'orgue un discours, samedi, lors des "assises de l'écosocialisme" organisées par le Parti de gauche. "Le capitalisme vert est une illusion", a-t-il martelé tandis que l'écosocialisme, fondé sur le triptyque écologie, socialisme et République, lui, "n'est pas une utopie".
"Ceux qui ne sont pas écologistes aujourd'hui sont des fainéants intellectuels", lâchait-il il y a quelques jours. La conversion aux thèses environnementales de l'ex-candidat du Front de gauche à la présidentielle, qui ne manquait pas une occasion de parler de la "planification écologique" pendant ses meetings, avait fait sourire ses détracteurs. Son discours avait pourtant été longuement applaudi lors du congrès de l'association France nature environnement qui recevait les candidats à la présidentielle en janvier.

"Escroquerie écologique"
Chez Europe Ecologie-Les Verts, à l'instar du député européen Yannick Jadot, on ne s'était pas privé pour moquer une "escroquerie écologique" et un projet de "Gosplan soviétique verdi". Aujourd'hui, François de Rugy, co-président des députés EELV, n'est guère plus tendre. La notion d'écosocialisme le fait "sourire". "Ca ne nous rajeunit pas, explique-t-il. C'est un débat qu'on avait dans les années 90 pour savoir si l'écologie est un projet en soi ou un dérivé du socialisme."
Le député de Loire-Atlantique note que cette formule a succédé à celle de "la planification écologique". "Quand on change souvent d'expression, c'est que le projet n'est pas clair", juge-t-il. Certains écologistes sont cependant plus attentifs aux mots de M. Mélenchon, à l'instar du député européen Jean-Paul Besset, qui perçoit "une véritable évolution et une rupture avec l'univers productiviste de la gauche traditionnelle"
A plusieurs reprises, M. Mélenchon, qui n'a pas souhaité donner suite à nos demandes d'entretien, a reconnu qu'il venait de loin sur ce sujet. Dans une interview au magazine TerraEco en novembre 2011, il expliquait : "Les Verts ont fait évoluer les esprits et le mien en particulier." "Il fallait être aveugle pour ne pas voir que le modèle communiste, comme le modèle social-démocrate, intégrait une dimension productiviste qui est une aberration eu égard aux limites de la planète", ajoutait-il.
Quelques mois plus tard, sur le site Reporterre, il indiquait que l'écologie politique a été pour lui"un choc intellectuel". "C'est vrai que ce n'est pas l'image qu'on a de Jean-Luc Mélenchon, qui est plutôt une image traditionnelle, celle du PS et du béton, intervient Corinne Morel-Darleux, une ancienne du mouvement Utopia devenue secrétaire nationale à l'écologie au PG. Mais c'est pourtant lui qui à la création du PG a envoyé des signaux aux écologistes qui montraient que le dialogue pouvait avoir lieu de manière honnête."
Sa plus belle prise fut sans contexte l'arrivée en 2009 au Parti de gauche de Martine Billard, jusqu'alors députée écologiste, à qui il offre la co-présidence du parti. "Je l'avais entendu dire à la télévision qu'il s'était trompé sur le sujet, se souvient-elle. Les hommes politiques qui reconnaissent publiquement qu'ils se sont trompés, c'est exceptionnel. Il était forcément sincère." C'est elle qui déposera la première proposition de loi consacrée à la planification écologiste en octobre 2009, votée par un certain Jean-Marc Ayrault et un bon nombre de ténors socialistes. Ne manquait que François Hollande. "C'était vide", moque M. de Rugy qui ne se rappelle plus de l'avoir approuvée, ou alors "par politesse".

 "Crise d'identité" d'EELV
L'écologie permet aussi à M. Mélenchon de marquer sa différence avec les communistes. Si les deux alliés sont d'accord pour interdire les gaz de schiste, le PCF soutient, contrairement au PG, le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes et la poursuite du nucléaire. Sur ce point, la dissension avait été réglée dans le programme de l'ex-candidat à la présidentielle par un référendum. "C'est son problème, estime Jean-Vincent Placé, le patron des sénateurs écologistes. La présence du PG à Notre-Dame-des-Landes fait ressortir le ringardo-archaïsme des communistes." M. Mélenchon, lui, ne désespère pas de les faire évoluer. "Nous voulons être éclaireurs, déclencheurs", a-t-il expliqué samedi. Mais le chemin est encore long. "Sur ces sujets, le PG n'est pas notre boussole : ce sont les citoyens", répond Hervé Bramy, chargé de l'écologie a PCF.
Comme il l'explique à Libération, M. Mélenchon juge aujourd'hui que EELV représente "la préhistoire de l'écologie politique", contrairement au PG qui revendique une "avance sur le plan programmatique". "J'aime bien Jean-Luc mais ce n'est pas lui qui va nous donner des leçons pour savoir qui est préhistorique et qui est moderne", tacle M. Placé. Cette offensive du député européen sur l'écologie ne doit en effet rien au hasard alors qu'EELV est empêtré dans ses contradictions. "Ils subissent en ce moment une fructueuse crise d'identité avec leur participation à un gouvernement productiviste", juge M. Mélenchon. Si ce dernier assure ne pas être"en concurrence" mais "en compétition" avec eux, il espère en sortir vainqueur. Le 22 avril, Nicolas Hulot, candidat malheureux face à Eva Joly lors des primaires internes à EELV, n'a-t-il pas glissé un bulletin Front de gauche dans l'urne ? "Nous prenons tranquillement notre place dans cette famille politique en gagnant nos galons dans les luttes", avance-t-il.

Son objectif revendiqué ? L'ancien sénateur socialiste l'a redit samedi : former "une majorité alternative" autour de ceux qui ont dit "non" au traité budgétaire européen avec des écologistes mais aussi l'aile gauche du PS. "Je suis prêt à être premier ministre", répète à l'envi M. Mélenchon. "C'est un trotskiste : son problème, c'est de faire des alliances", analyse M. Placé. En vue des municipales mais surtout des européennes de 2014. Sa stratégie n'inquiète pas pour autant les écologistes. "Electoralement, il y a peu de passerelles", veut croire M. de Rugy qui juge que "l'écologie n'est qu'une part de marché" dans le discours du député européen. "Tant qu'il parlera d'écosocialisme, ce sera un supplément d'âme qu'il amène à une histoire qui est la sienne, celle du socialisme", abonde Pascal Durand, secrétaire national d'EELV.
*La règle verte - Pour l'éco-socialisme, Jean-Luc Mélenchon, 144 pages, éd. Bruno Leprince

6 commentaires:

  1. Les idées, en politque, sont comme les modes vestimentaires. Elles défilent à vitesse grand V.
    S'il est de bon ton de porter du vert, tous foncent dans la brèche. Reste que la photo, ressortie 20 ans plus tard, ne fait pas plaisir à tous, d'aucuns réfutant même qu'ils aient porté cette couleur un jour.
    Vivement la prochaine mode pour que les politicos-opportunistes se lancent à corps perdu. Mélanchon, roi du prêt-à-penser.

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  2. Signalons au passage l'existence du PG Hénin Carvin et de son blog : http://henin-carvin.pg62.fr/

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  3. Une éolienne de plus qui brasse du vent....

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  4. je trouve vos commentaires injustes regardez cette vidéo et vous jugerez apres !vous verrez que le monsieur maitrise son sujet! je remarque que les coms sont souvent à l'egard des personnes et non des idées qu'elles vehiculent.
    https://www.dailymotion.com/video/xvjttl_jean-luc-melenchon-aux-assises-pour-l-ecosocialisme_news

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  5. 13H14
    Je me suis mal fait comprendre! Cela me plait qu'un homme politique traditionnel ait compris que l'écologie ne soit pas une mode, mais un fondement de la politique aujourd'hui.
    Un de ces jours, je mettrai sur ce blog un courrier explicite adressé à M. Aubry dans lequel je lui proposais que le mot écologie soit associé à celui de socialisme (social-écologie): j'ai reçu en retour un accusé de réception poli...

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  6. Des milliers d'emplois en prévision
    Pour faire face à la demande croissante dans l'énergie solaire, l'éolien, les biocarburants ou le chauffage au bois, le secteur devrait recruter plus de 200 000 personnes d'ici 2020.

    Éoliennes et pompes à chaleur. Les énergies renouvelables trouvent des applications de toutes sortes mais ont un point commun : faire appel à des ressources inépuisables comme le soleil, le vent, l'eau ou la chaleur de la terre. Il y a les ouvrages que l'on voit de loin, comme les champs d'éoliennes, encore peu présents en France, ou les barrages hydrauliques. Mais il y a aussi des équipements pour les maisons ou les bâtiments collectifs : les capteurs solaires qui transforment l’énergie du soleil en chaleur pour alimenter en eau chaude et chauffage, les panneaux solaires photovoltaïques qui transforment directement la lumière solaire en énergie électrique, les chaudières à bois, ou encore les pompes à chaleur géothermiques qui utilisent la chaleur dégagée par la terre.

    Plus de 200 000 emplois à créer. Pour répondre aux objectifs fixés par l'Union Européenne et concrétiser ceux qui ont été définis lors du Grenelle de l'environnement en matière d'énergies renouvelables, la France va devoir mettre les bouchées double. "Aujourd'hui, la part des énergies renouvelables dans la consommation totale d'énergie est de 10 %, constate Damien Mathon, délégué général adjoint du Syndicat des énergies renouvelables. En 2020, elle devra atteindre 23 %". Traduction en terme de recrutement : l'effectif du secteur, qui est de 75 000 personnes aujourd'hui, devrait, d'après les professionnels, atteindre près de 300 000 personnes en 2020.

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